Vous êtes mordus de déco
mais, une fois votre joli magazine fermé,
comment adapter les préceptes de pros chez vous ?
Place aux personnalités qui nous sont chères et qui ont eu
la gentillesse de partager leur vision de la décoration.
Avec générosité, elles vous livrent leurs choix assumés
et partagent tips et conseils inspirants.
Aujourd’hui la parole à
Aude Christin
Aude, peux-tu te présenter ?
Tout d’abord je suis une vraie parisienne (j’y suis née donc) ; j’ai 50 ans donc j’ai fait déjà pas mal de trucs... J’adore ma mini famille, c’est mon roc.
J’ai fait mes études aux arts appliqués Olivier de Serres comme designer textile et coloriste. Je travaille aujourd'hui comme styliste d’intérieur (conseils déco, shootings). J’ai aussi une casquette d’influenceuse et je collabore avec différentes marques, pour plusieurs créatrices exceptionnelles (comme Béatrice Laval, Anne Boghossian, Nathalie Gagneux).
En presque 30 ans d’activité, j’ai eu deux boutiques-galeries, enseigné le design textile et les arts plastiques dans une école d’arts appliqués, j’ai été pigiste déco pour Marie Claire Maison, dessiné des motifs pour la mode ou la déco et travaillé dans différents showrooms d’éditeurs de tissus d’ameublement et de papiers peints.
Je suis une contemplative, je trouve l’inspiration partout.
J’ai une passion pour les beaux ciels normands, les matières, les couleurs patinées et surannées et les vieux murs décrépis...
Je suis une touche-à-tout, hyper sensible, hyper créative : mon cerveau ne s’arrête jamais je crois, je fatigue énormément mon mari et mon fils ! Par exemple, je peux prendre une photo en pleine conversation parce que j’ai vu un éclairage inspirant sur un bouquet de fleurs... Mon fils me prend parfois pour une dingue ! Nous en rions beaucoup, surtout qu’il est comme moi !
Ton mantra en déco ?
Révéler l’âme des lieux.
Le bon goût, tu en penses quoi ?
Le bon goût est peut-être une notion un peu trop normée qui répond aux codes culturels de la société dans laquelle on évolue... En réalité il y a autant de goûts que de sensibilités et d’humains. Je suis sensible à ceux qui s’affranchissent des diktats et qui affichent un style unique. De mon côté, je suis bien trop timide pour oser aller si loin. Mais je me libère peu à peu...
Si tu étais une pièce de la maison ?
Le salon : le séjour, la family room, bref le lieu où la famille se retrouve pour se détendre, partager, manger, créer, lire, rêver, travailler, danser et même dormir dans notre cas !
Le top 3 de ta bucklet list
- Reprendre enfin la peinture.
- Avoir un jour ma maison au bord de la mer, idéalement à Trouville.
- Terminer notre périple de la côte ouest française du nord jusqu’au pays basque.
Si tu étais un artiste ?
Colette parce qu’elle était libre et simple, une femme moderne mais aussi pleine de contradictions. Une amoureuse, une bonne vivante et une artiste exceptionnelle.
Ton projet de rêve ?
J’ai rêvé d’avoir ma propre boutique, rêve que j'ai réalisé pendant 10 ans. Aujourd’hui je préfère saisir les opportunités comme elles viennent, et finalement c’est comme ça que j’arrive à réaliser plein de projets formidables. L’inattendu nous permet forcément d’envisager des choses que l’on avait même pas imaginées. J’essaye d’être attentive et ouverte d’esprit. Je n’ai aucun plan. Je n’ai pas non plus peur des échecs car ils nous permettent de nous améliorer et d’avancer.
Ton obsession du moment ?
Profiter de mon fils qui grandit tellement vite !
Les tips de Aude
Nous habitons en famille dans un petit 2 pièces de 44 m2. La chambre est réservée à notre fils, il a donc fallu trouver des astuces pour combiner intimité et lieu de vie. Le lit peut devenir divan et, en un clin d’œil, l’espace se transforme.
Comment meubler un petit espace ?
Le mieux est de choisir des meubles légers et nomades pour faciliter les réaménagements. Une table plus petite et plus étroite, un buffet petit format, des meubles faciles à déplacer et le moins imposants possible, pour agrandir les proportions de la pièce. En fait, il faut tricher avec les volumes.
Comment composer un canapé qui en jette ?
J’aime l’idée d’un divan dans un atelier d'artiste à Montmartre au début du XXe siècle, avec un mélange de matières, de motifs et de couleurs, une harmonie dans l’éclectisme. Comme dans un tableau des Nabis ou un intérieur de Matisse.
Comment changer sans (trop) dépenser ?
Investir dans des draps de lin colorés, des housses de coussin dans des matières nobles, des édredons avec de jolis motifs, et les changer au gré des humeurs ; au fil du temps, on arrive à avoir une jolie collection. Choisir des intemporels pour ne pas subir les modes ni les saisons. Personnellement, j’aime investir dans de belles matières, même si j’en ai moins. On ne se lasse pas des belles choses que l’on a mis du temps à acquérir...
Sinon, je chine beaucoup et finalement, mis à part la literie, j’ai une majorité de vintage chez moi. Au moins c’est unique, économique et bon pour la planète !
Quel traitement pour l’éclairage électrique ?
J’adore multiplier les points de lumière pour une
ambiance chaleureuse et feutrée. Je mélange les lampes de créateurs avec d'autres luminaires vintage chinés.
Papier peint all over ou par touches ?
Du papier peint partout et même au plafond ! J’adore
habiller les murs et je ne supporte plus les murs blancs
sans personnalité : il y en a encore chez moi et il faut que
ça change ! Alors oui au papier peint, aux panoramiques,
aux tableaux et aux miroirs !
Tapis : dans le salon, sous la table ou les deux ?
Idéalement un grand tapis sous le canapé ou sous la table. Une seule condition : qu'il soit unique et artisanal, comme les tapis moldaves.
Les détails qui changent tout :
comment bousculer un intérieur trop lisse ?
Accumuler, mélanger : j’adore que mon intérieur soit en
perpétuel mouvement, surtout rien ne doit être figé,
définitif. C’est une sorte de terrain de jeu, un laboratoire
créatif. Il évolue forcément au gré des trouvailles (surtout
quand, comme moi, on a une addiction à la chine et
aux brocantes !). J’adore les bibliothèques qui débordent
de livres, les fauteuils patinés, les coussins en velours,
le mélange des époques et des provenances. Surtout
pas de stéréotypes ou d’intérieurs rigides et symétriques...
Oser un grain de folie... voire de mauvais goût !
Qu’est-ce qui se montre ? Se cache ?
On peut presque tout montrer, sauf les éléments techniques. Alors on camoufle la télévision, les prises, le grille-pain, la bouilloire électrique... J’adore qu’un intérieur soit suranné et poétique. J’avoue aussi ranger ma bibliothèque de manière esthétique plutôt que logique et pratique : les livres d’art par couleur, les romans aussi. Et pour les livres de poche un peu moches je les retourne côté tranche papier unie. Un fouillis savamment travaillé, donc...