Conversation avec Isabelle Masson

Conversation avec Isabelle Masson

Passionnés de déco, mais perdus une fois votre magazine préféré refermé ? Pas de panique ! Des personnalités que nous adorons partagent leur vision unique de la décoration. Avec beaucoup de générosité, elles dévoilent leurs choix audacieux et distillent astuces et conseils inspirants.


Aujourd’hui la parole à

Isabelle Masson

Isabelle, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis architecte d’intérieur depuis toujours, dans la pure définition du métier.
Diplômée de l’ESAG Pennighen à Paris, je suis partie travailler en agence à New York avant de revenir à Paris. J’ai ensuite intégré la direction artistique de Chanel pour y apprendre un autre volet de mon métier.
Enfin j’ai créé mon agence il y a maintenant une dizaine d’années et je n’ai pas vu le temps passer !

Votre mantra en déco ?

« Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi. »

Cocteau


Le bon goût, 
quen pensez-vous ?


C’est tellement subjectif ! Pour ma part, le bon goût m’inspire le lisse, le conforme, le bien sous tout rapport. En somme, cela m’ennuie profondément !
J’ai l’anecdote d’une cliente qui voulait son appartement complètement orange, sa couleur préférée. Elle était gênée de me le dire, s’excusant d’être de mauvais goût. Mais non ! Bien au contraire, oser, affirmer son soi, c’est cela qui définit à mon sens le bon goût. La preuve, j’ai adoré faire ce projet !

Si vous étiez une pièce de la maison ?


Je dirai la cuisine. Je suis très mauvaise cuisinière mais j’adore les dessiner ! C’est un champ créatif infini. C’est aussi là que tout se passe, que tout se dit, c’est un endroit vivant par définition.


Le top 3 de votre bucket list ?


Question difficile ! Je dirais :
🚂 - Traverser les frontières et les pays en train, ma passion !
🏚️ - Avoir un jour ma maison en bois, mon rêve !
🐴 - Remonter à cheval et partir en voyage sur son dos avec mon chien pas très loin !


Votre projet de rêve ? 


Rénover et décorer un hôtel.

Si vous étiez un artiste ?

Re question très difficile ; je dirais Joséphine Baker.


Votre obsession du moment ?

Parvenir un jour à toucher mes pieds, mais cela pourrait faire partie de ma bucket list ;)

Votre engagement pour demain ? 


Arriver à établir un tri efficace sur les chantiers et améliorer la récupération lors de la démolition.

Le monde d'Isabelle

L’influence de votre éducation : dans quel cadre avez-vous développé votre goût ?

Je ne pense pas que le goût vienne de l’éducation mais de la curiosité et de la personnalité que l’on développe.
Mais si je devais résumer mon éducation, je dirai que l’expression « Less is more » est la meilleure. S’entourer de peu mais de choses qui nous tiennent à cœur, qui nous procurent de la joie et du bien-être. Pas de superflu, que du bonheur !

Graphisme et couleur

Lorsque les clients ont une personnalité très colorée, je les suis à fond ! Lorsqu’ils sont plus timides, les éléments de déco sont un bon moyen d’expression, on peut en changer facilement. 

Si le mur de couleur est un vu et revu, on peut aussi penser à colorer même légèrement le plafond, cela change tout. Et puis un coup de peinture peut vite être rectifié si on s’en lasse.


Cloisonner ou décloisonner ?


Décloisonner dirais-je spontanément car je n’aime pas les recoins et les zones mortes.
J’affectionne aussi la salle de bains ouverte ou semi-ouverte sur la chambre. Comme je le dis souvent à mes clients, ce n’est pas une porte qui définit une pièce, il y a une multitude de façons de définir des zones dans un habitat.


Cependant il est important d’écouter son client et son mode de vie qui nécessite parfois de vrais espaces bien définis pour chacun, au calme et avec chacun sa porte.

Sur mesure : s’adapter à chaque projet unique

Le sur mesure apporte forcément un supplément d’âme à un lieu et permet surtout d’exploiter chaque cm2. Mais quand le budget ne le permet pas, on peut trouver des astuces comme un dressing composé de caissons suédois, cachés derrière de grands rideaux qui peuvent être facilement changés au gré des envies et des saisons.

J’ai souvent plus tendance à mettre des rideaux dans la maison que devant les fenêtres.

Agrandir les petits espaces

C’est un exercice que j’adore car il fait appel à notre vraie qualité d’architecte d’intérieur, et à notre capacité à exploiter le volume dans ses moindres recoins. Ne pas hésiter à avoir un vrai lit plutôt que d’en déplier un, jouer au rubik’s cube pour aller se coucher, je trouve cela pénible. Et aussi un maximum de rangements !


Esprit industriel, classique ou campagne ?

Un projet réussi est pour moi un dialogue constant entre le client et le lieu, ce qu’il ne faut jamais perdre de vue. Aussi, faire de l’industriel dans une maison de campagne ou inversement est pour moi un non-sens total. Tout comme tartiner son propre style chez un client. Ce n’est pas le rôle d’un architecte d’intérieur selon moi.


Comment rendre un intérieur à nul autre pareil ?


Surtout qu’il vous ressemble ! Le personnaliser par des objets, des matières, des couleurs qui répondent à votre univers. Chérir sa personnalité à fond ! L’honorer, la développer pour que votre maison soit une extension de vous.

Les mouvements d’architecture qui vous inspirent ?

Charlotte Perriand depuis toujours par sa petite révolution. Elle a tout de même sorti la femme de sa cuisine !
Mais tout est inspirant finalement, même les choses qu’on rejette à première vue.


Et chez vous, c’est comment ?


C’est un appartement des années 70 dans lequel j’ai souhaité un sol en béton (mon gros chien me demande aussi un entretien facile). Pour le réchauffer, il y a pas mal d’éléments en bois comme ma cuisine ou ma bibliothèque dans laquelle je peux poser plein d’objets, de vaisselle que j’affectionne.


C’est un espace circulaire sans trop de portes mais avec tout de même des endroits pour s’isoler et retrouver un peu de tranquillité.

Votre projet en cours ?

Actuellement je travaille sur des projets en Province et à l’étranger. Mes clients parisiens m’emmènent avec eux dans leurs aventures !

La shopping list d'Isabelle

@ixm_agence | www.ixm-agence.com

📸 Mathias Paltrié