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et partagent tips et conseils inspirants.
Victoria Douyère
Victoria, pouvez-vous vous présenter ?
J’ai créé mon agence d’architecture intérieure en 2019, après deux ans de freelance pour une agence parisienne. Mais ce métier n’a pas toujours été une évidence, je me suis beaucoup cherchée : j’ai étudié les sciences politiques puis fait une école de commerce, sans la moindre idée de carrière. C’est une expérience professionnelle à Copenhague qui m’a donné le déclic. J’y ai découvert des intérieurs plus raffinés les uns que les autres et ce goût qu’ont les Scandinaves pour les pièces de design iconiques. C’est vite devenu une obsession ! Mon agence fête aujourd’hui ses cinq ans et s’est installée dans le Sud-Est, où j’aspire à travailler sur des projets de style plus méditerranéen.
Votre mantra en déco ?
Choisir, c’est renoncer. Maxime que j’ai parfois du mal à appliquer moi-même, mais tellement juste ! Nos yeux sont sans cesse sollicités par des photos d’intérieurs, des publicités pour du mobilier. La mode en décoration change très vite, on a envie de mélanger plein de belles choses, mais tout ne fonctionne pas toujours très bien ensemble. Il faut savoir renoncer à certaines envies et rechercher plutôt un équilibre et une cohérence.
Le bon goût, vous en pensez quoi ?
Le bon goût est très subjectif. Je dirais que c’est surtout la capacité à faire de belles associations de matières, de formes et de teintes, à obtenir un ensemble harmonieux. C’est évidemment plus facile d’avoir bon goût quand on recherche une décoration épurée et intemporelle. J’ai une réelle admiration pour les architectes d’intérieur qui prennent des partis pris très forts et parviennent à créer des ambiances très osées et très colorées, où on se dit : « Personne n’y aurait pensé, mais ça fonctionne tellement bien, c’est du génie ! »
Si vous étiez une pièce de la maison ?
La cuisine. Aujourd’hui c’est devenu un espace où on reçoit ses invités, où on prend l’apéro en même temps qu’on termine de préparer le repas, où on mange en famille au quotidien. Cette pièce est souvent très importante pour nos clients, davantage que la salle à manger par exemple. J’aime en soigner la décoration pour en faire une pièce maîtresse de la maison.
Le top 3 de votre bucklet list ?
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Un voyage en Polynésie en famille
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Rénover un hôtel dans le Sud (c’est en bonne voie, je croise les doigts !)
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S’offrir une maison au bord de la mer, les pieds dans l’eau (un jour peut-être…)
Si vous étiez un artiste ?Une peintre. J’ai un bon coup de pinceau mais hélas je ne suis pas assez créative ! En ce moment j’ai un petit coup de cœur pour l’artiste Johanna Godeau. |
Votre projet de rêve ?
Rénover un hôtel ou une villa vue mer au bord de la Méditerranée dans un style très vacances.
Votre obsession du moment ?
Les cuisines en inox brossé.
Votre engagement pour demain ?
Sur nos chantiers, nous sommes amenés à rénover des intérieurs qui ont à peine dix ans, voire moins. C’est terrible de voir partir à la benne des équipements encore en très bon état (qui valent parfois une fortune) donc nous essayons autant que possible de les donner sur Leboncoin ou à des entreprises de réemploi qui les revendront à petits prix, pour leur donner une seconde vie.
Le monde de Victoria
Réinvention nécessaire
J’ai toujours été très bonne élève mais sans vocation particulière (comme beaucoup, j’imagine). J’ai donc suivi des études un peu au hasard et ai commencé à travailler dans le conseil. Puis une opportunité s’est présentée au Danemark à un moment où j’avais envie de partir travailler à l’étranger, et c’est durant les premiers mois passés là-bas que j’ai commencé à m’intéresser à la décoration et l’architecture intérieure. Il m’a fallu ensuite trois ans pour oser quitter mon job et suivre une formation. Au début j’avais presque honte d’en parler, j’avais l’impression que les gens voyaient cela comme une lubie. Les premières années ont été assez dures, je n’ai pas eu la chance de rénover les appartements de proches ou d’amis d’amis par exemple. J’ai dû commencer par de tous petits projets (une bibliothèque sur mesure par-ci, un studio par-là). Mais avec le temps, de la persévérance et sans doute quelques coups de pouce du hasard, aujourd’hui je fais enfin le métier de mes rêves !
Aiguiser son œil au beau
Un peu plus haut on parlait de ce qu’est le bon goût. Pour arriver à se renouveler tout en essayant toujours de créer des ambiances harmonieuses, il est important de s’intéresser au travail d’architectes d’intérieur qui font des choses très différentes, aux nouvelles matières, aux tendances qui reviennent à la mode, à l’art, etc.
Du Nord au Sud
À Paris, j’ai adoré rénover des appartements haussmanniens. La coquille est déjà tellement belle en soi que c’est très facile de la sublimer avec de simples accessoires ou du mobilier. Mais maintenant que mon agence est installée dans le Sud, j’ai envie d’autre chose. J’aimerais faire des projets plus « architecturaux », plus épurés en termes de décoration et d’accessoires mais avec des partis pris plus forts dans l’agencement, les formes et les matériaux. Des projets plus audacieux et originaux, quand les clients sont à l’écoute !
Faites entrer la matière !
Ma matière fétiche est le bois, dans différentes essences (chêne et noyer principalement, mais aussi okoumé, acajou ou bouleau) et la pierre (marbre, travertin, quartzite, etc.). Même si les pierres naturelles sont sublimes, nous utilisons souvent des imitations en céramique, plus rassurantes en termes d’entretien pour nos clients. J’aime aussi beaucoup le béton ciré pour son côté épuré et chaleureux.
Et côté textile ?Le lin, encore et toujours. C’est un textile à la fois précieux et décontracté, je ne m’en lasse pas, que ce soit pour des rideaux, du linge de lit ou un plaid. J’aime son côté vaporeux et légèrement transparent, qui laisse passer la lumière. |
Le chic pratique
Quand on réaménage un bien résidentiel, il essentiel d’allier l’esthétisme à la fonctionnalité, au risque sinon de regretter ses choix par la suite. La fonctionnalité passe par une réflexion sur la circulation, par l’éclairage, le choix de matériaux durables et faciles d’entretien, la création d’un maximum de rangements, etc. Tandis que l’esthétisme passe plutôt par la sensation de volumes et d’espace, la cohérence des teintes et des matières, les détails décoratifs. Et c’est tout un jeu d’équilibre pour ne pas privilégier l’un au détriment de l’autre.
Votre palette préférée ?
J’ai longtemps été une grande fan du noir et blanc, mais depuis mon installation à Marseille en 2022 j’ai laissé de côté le noir qui ne se prête pas vraiment aux intérieurs méditerranéens. Aujourd’hui je travaille plutôt les murs dans une palette de blancs et de beiges, et ce sont les matériaux qui viennent apporter de la couleur, comme le bois, la pierre ou une faïence colorée. Je travaille en ce moment sur une proposition de cuisine avec un plan de travail en quartzite vert que je trouve sublime, j’espère que mes clients vont me suivre ! Une base de murs blancs permet aussi une plus grande latitude dans le choix du mobilier et des textiles et met plus facilement en valeur des œuvres d’art.
Cache-cacheOn peut (presque) tout montrer à condition que ce soit ordonné ! Si on ne veut pas passer son temps à ranger, mieux vaut privilégier un maximum de placards fermés et exposer juste quelques beaux objets. |
Le fil conducteur dans une maison ?
Pour moi le fil conducteur de la décoration doit tenir compte de l’environnement (dans le Sud ? le Nord ? la ville ? la campagne ?) et du type de construction (un mas provençal ? une villa années 70 ?). Mais in fine cela dépend aussi beaucoup de la personnalité de la famille qui va l’occuper, de ses goûts, son mode de vie, des objets qui lui sont chers. L’objectif est que ses habitants s’y sentent bien.